☮ Nara ☮




« Pschiiiit … ». Nara sursauta presque. Elle était dans le train en direction du District 1. Car oui, aujourd’hui, elle avait décidé de sortir un peu dans d’autres Districts que le sien. Elle avait envie de voir de nouveaux visages. Et en langage Nara Jenkins, ça veut dire : « Voir de nouvelles choses à piquer pour ramener chez elle. ». Qui sait, si ça se trouve, il y a de petites choses sympathiques là-bas ?

Ce matin, elle s’était levée à l’aube pour ne pas être questionnée par ses parents. Elle n’aimait pas être collée par ses vieux quant à ses occupations. Un peu de liberté que diable ! Aux premières lueurs du jour, elle avait ouvert ses volets et enfiler rapidement sa tenue d’apparat. Elle avait décidé de se rendre dans le 1. Ce n’est pas n’importe où tout de même ! Il faut être présentable ! Elle n’allait quand même pas y aller en jogging ! Pendant un instant, elle avait hésité à mettre une robe ou une jupe. Mais elle se rappela son but premier. Chiper des trucs. Courir pour ne pas qu’on la rattrape. Avec ses jambes encombrées par les volants de sa robe préférée, ça n’allait pas être du gâteau. Et puis en mettant quelque chose d’hyper classe, elle risquait de se faire remarquer plus qu’autre chose. Pas très malin. Elle pencha donc pour mettre un jean de couleur assez foncée, et une chemise de tissu couleur gris-bleu. Neutre, foncé, parfait.
Nara sortit de sa chambre sur la pointe des pieds pour ne pas éveiller ses parents et se dirigea vers la salle de bain. Elle se baissa sur le lavabo de marbre et se passa de l’eau sur le visage. Quand elle releva la tête, elle vit dans le miroir accroché au mur que ses cheveux bruns étaient dans un état épouvantable. Elle ne sortirait pas de chez elle avant d’avoir arrangé tout ça ! Nara saisit rapidement sa brosse qui était sur un petit meuble à sa droite, contre le mur. Elle commença à se brosser avec soin ses longues boucles marron.

Le train s’arrêta. Nara se leva et saisit sa sacoche où elle enfournait tout ce qu’elle volait habituellement avant de sortir comme une fusée silencieuse hors de la gare. Quand elle arriva à la place de l’Hôtel de Ville –oui, elle la reconnaissait bien-, le ciel était bas, gris, et moche. Nara soupira. Quoique ça pouvait tourner à son avantage ! Dans la semi-obscurité, les gens feront peut-être moins attention à elle … Elle avançait tranquillement entre les habitants du 2 en faisant mine de connaître parfaitement les environs et de savoir exactement où elle allait. C’était complètement faux. Elle essayait juste de trouver le Marché. C’est seulement son « instinct » qui la guidait. Rien d’autre.

Enfin, elle y est. Parmi les fruits, les légumes, les babioles et ceux qui faisaient leurs courses. Elle se promenait dans les étales où le plus de gens s’agglutinaient pour passer le plus inaperçu possible. Une sorte de petit grognement vint à ses oreilles. C’était son ventre. C’est vrai qu’elle n’avait pas mangé ce matin. Elle le regrettait un peu maintenant. « Mais je n’ai plus d’argent ! Je ne peux rien m’acheter ! » Ce serait la réflexion d’une personne normale ça. Mais pour Nara, le manque d’argent n’était pas un problème, puisqu’on peut voler. Elle s’approcha d’un maraicher, et déposa sa main sur une pomme discrètement. Profitant que le vendeur parle à une de ses clientes, elle referma ses doigts sur le fruit et s’éclipsa. Marchant d’un pas rythmé, Nara porta son petit déjeuner à sa bouche en s’éloignant de sa première victime de la journée. Elle percuta ce garçon. Un grand gaillard, musclé, et la dépassant de plus d’une tête. Nara était petite certes, mais celui-là ressemblait vraiment à un géant pour elle. Il la regardait bizarrement. L’avait-il vue en train de piquer cette pomme qu’elle avait encore en bouche et en main ? Restant calme et neutre, elle baissa ses yeux bleus du grand jeune homme et continua son chemin. En espérant qu’il ne la suive pas, elle marchait cependant un peu plus vite qu’avant et sortit du brouhaha du marché en s’engouffrant dans une rue moins fréquentée. Elle s’adossa contre une voiture et soupira. Qu’est-ce qu’il lui prenait aujourd’hui ? Dès son premier vol elle se faisait prendre la main dans le sac par le premier venu ? Il fallait qu’elle se concentre un minimum. La dernière bouchée avalée, elle voulut retourner vers les vendeurs pour recommencer à leur dérober leur marchandise mais une immense silhouette l’en empêcha. Quand ses bleus azurés se levèrent vers le visage du corps qui la bloquait, elle reconnut cette expression pour l’avoir vue il y a quelques minutes. C’était le géant.

☮ Nara ☮


Et zut ! C’était bel et bien le grand jeune homme de tout à l’heure. Nara leva la tête vers le géant pour essayer de comprendre ce à quoi il pensait. Est-ce que l’idée d’aller la dénoncer à un Pacificateur lui passait par l’esprit ? La petite fille brune déglutit. En plus ce n’était pas son genre de se faire attraper la main dans le sac de la sorte ! Dans son District, le 2, cela n’était jamais arrivé et comptait bien que ça ne se reproduise plus … Du moins si elle parvenait à rentrer chez elle en un seul morceau. Meuuh non … Nara arrivait toujours à se sortir des mouises de la sorte. Toujours.
- Je t'ai vu volé, tu ne devrais pas. C'est interdit tu sais.

Le jeune adulte lui-même ne semblait pas être convaincu de ses propres paroles. Donc évidemment, Nara ne prenait pas du tout au sérieux ce qu’il venait de dire. Enfin, ce n’était pas vraiment ça. Elle savait bien que tout cela était illégal voire dangereux. Elle en avait conscience ! Mais le problème est qu’elle s’en fichait c’est tout.
Fière et courageuse ; elle maintint le regard de l’adolescent avec vaillance. Après tout, ce n’était pas son genre de se faire passer pour faible. Passer pour innocente c’est déjà plus courant mais faible, jamais ! Quelques minutes s’écoulèrent dans le silence, les yeux bleus de Nara toujours intensément enfoncés dans ceux du jeune homme. Elle ne souriait pas et n’avait pas l’air agressive ni agressive. Elle le regardait simplement. Puis elle finit par lâcher :
-Tu me prends pour une abrutie ? Je le sais que c’est interdit, merci bien ! Et toi ? Ça m’étonnera que tu n’aies jamais rien fait de pas bien joli dans ta vie … Je me trompe ?

À cette affirmation, elle ajouta un sourire malicieux. Elle savait qu’elle avait raison. Cet homme n’était pas un saint. C’est obligé, pour elle, tout le monde a eut une période assez « noire » dans sa vie. Elle en était persuadée. Mais peut-être n’était-ce qu’un leurre pour la convaincre qu’elle n’était pas la seule à vivre dans la petite délinquance … ?

(Nul mais bon xD)