Président Berckley.

Le journaliste a les cheveux oranges. Non pas roux, mais o-ran-ges. D'une laideur. Ces gens ont toujours eu des goûts extravagants. Il s'installe dans un fauteuil bleu, et m'invite à faire de même. Je prends donc place dans un fauteuil rouge en cuir, imposant. Je les domines tous, ces cameramans, journalistes & autres gens sans importance. Le chef me fait signe.

- 3, 2, 1 ... PLAY!

Ça y est, ça commence. J'entends un générique débile qui défile pour le début de l'annonce. J'ai le temps de me préparer. N'importe quel présentateur ordinaire aurait été nerveux à l'idée de devoir annoncer une telle chose à tous Panem. Mais pas moi. J'ai l'habitude d'annoncer de mauvaises nouvelles, et ce n'est pas celle là qui va m’effrayer. Cependant, le reste de Panem allait peut être paniquer. Ce que ces pauvres gens pouvaient être simples... A sursauter au moindre bruit, à angoisser dès que leur enfant tousse un peu, à pleurer comme des madeleines à l'approche des Jeux. Le chef me fit un nouveau signe, m'indiquant ainsi que ça allait être à moi de parler. Je me redressai un peu plus sur mon siège rouge. A présent que je m'apprêtais à révéler la chose à tout Panem, je me rendis compte à quel point j'aurais voulu me trouver dans un District, n'importe lequel, pour pouvoir me délecter de la panique de ses gens ordinaires. Bien évidemment, cet événement ne durerai pas longtemps, juste le temps de leur faire comprendre que sans nous, ils seraient morts.

- Bonsoir, habitants de Panem. Vous êtes réunis pour apprendre ... une nouvelle. Je laisse la parole à notre cher Président Berckley .

La camera se tourne vers moi. Mon regard devient froid, aucune émotion ne doit y apparaître. Je dois être l'homme qui leur fait peur.

- Bonsoir.

Je laisse un temps. Tout Panem devra s’imprégner de mes dires, de mes paroles.

- Nous vous observons toujours avec la plus grande attention. Vos actes, & gestes, les plus insignifiants y compris. Vous vous sentez surveillés. Vous trouvez cela inutile. Et bien, aujourd'hui, je vais vous prouver le contraire. Si nous ne l'avions pas fait, les conséquences auraient été ... dramatiques. Nous avons donc découvert que dans le District Quatre, un début d'épidémie se propageait.

J'imaginai leurs mines terrifiées à cause de cette nouvelle, et me retint d'afficher un sourire satisfait. Le journaliste excentrique assis dans son propre fauteuil essaye d'afficher une mine grave, mais étant donné que personne du Capitole ne sera atteint de cette maladie, il lui est impossible d'afficher une vrai mine terrifiée. Il doit encore travailler ses expressions celui-là. Bon. Annonçons-leur la suite. Le meilleure.

- Cette maladie étant très contagieuse, il se pourrait que tous les Districts soient tôt ou tard atteints. Si quelqu'un de votre famille, ou de vos amis, présente les symptômes suivants, isolez-le le plus rapidement possible.

Je fais un léger mouvement de tête vers le journaliste aux cheveux oranges. La caméra se tourne vers lui. Il se reprend rapidement, et se met à lire ce qu'il y a de marqué sur sa feuille.

-Forte fièvre, vomissements, hématomes se trouvant sous la peau, picotements, courbatures de plus en plus fortes, puis paralysie de certains membres. Je précise cependant que vous ne serez pas entièrement paralysés. La fièvre et le reste vous aura tués bien avant.

Bon. décidément, il était pas doué celui là. Il aurait du joué son rôle, c'est à dire avoir l'air compatissant envers ceux qui allaient peut être mourir. Mais non. Comme tous les autres, il attendait de voir ce qui allait se passer. Maintenant, rassurons-les un peu.

- Je peux déjà vous dire que nos scientifiques sont déjà en train de chercher le remède. Malheureusement, il ne sera pas prêt avant un bon moment. Je vous demande donc, de suivre ces instructions: Si une personne présente ses symptômes, isolez-le au plus vite, la maladie est très contagieuse et on ne sait pas comment elle se transmet. Soyez donc très prudents. Évitez-donc de sortir de chez vous, sauf pour les choses vitales, comme achetez à manger. dernière règle, évitez à tout prix de manger du poisson, ou même de vous en approcher.

La caméra se détourne enfin de ma personne. Je peux desserrer les dents.

-Voilà, c'était donc une annonce très importante faite en personne par notre Président bien aimé! A bientôt pour plus de détails, et pour des nouvelles sur l'avancé des recherches du remède!

La musique du générique débile se fait entendre.

-COUPEZ!

Lentement, je me lève du fauteuil et m'éloigne sans un mot. Derrière moi, c'est le bazar de fin d'émission. Tout le monde rigole et va se payer un café pour parler de ses pires malheurs, qui généralement n'en sont pas. Je sors de la salle, sans faire un bruit, et me retrouve de nouveau seul avec ma vieille amie, la solitude.

code by biscotte

Kelley Reagan

• L'annonce avait été diffusée sur un grand écran blanc, sur la grande place. Tout le District Sept s'y était réuni, autant dire que ça faisait énormément de bruit. Au début, il y avait un joyeux brouhaha. Personne ne savait encore ce qui se passait. Tout le monde prenait des nouvelles de tout le monde, rigolait et retrouvait des gens qu'ils n'avaient pas vus depuis longtemps. Puis, il y avait eut un bruit. Le générique annonçant que l'annonce du Président allait commencer. Là, tout le monde s'est tu. On aurait pu entendre les mouches voler, s'il y en avait eu. Là, un journaliste étrange est apparu. Il a dit quelques mots, puis le Président est apparu. Berckley... Celui qui faisait froid dans le dos à tout le monde. Et là, il déballa toute l'annonce. La Maladie, le risque d’épidémie... Personne ne parlait. Tout le monde, avait une mine différente. Terrifiée, en colère, ou sur le point de se mettre à pleurer. Moi, je m'efforçais de rester impassible. Puis le Président donna des recommandations de prudence, ainsi que des consignes de sécurité. L'écran émit le son du générique, puis s'éteignit.

• Là, beaucoup de gens se mirent à pleurer, alors que d'autres couraient chez eux, terrifiés. Moi, je restais immobile. Au fond de mon être, c'était le chaos. Ma soeur. Ma petite soeur. Beth avait tout ces symptômes décrit par Berckley. Elle avait la maladie. Des larmes me montèrent aux yeux. Plus loin j'aperçus Morgan, qui n'avait pas bougé non plus. Nos regards se croisèrent, puis je le perdis de vue, emportée par un raz-de-marée de gens, tous plus paniqués les uns que les autres. Quand je fus libérée de la masse de gens, je mis juste quelques instants à me repérer, avant de me mettre à courir. De plus en plus vite, de plus en plus désespérée. J'arrivai chez moi, et ouvrit la porte à la volée. Mes parents n'étaient pas là, ils avaient dût regarder l'annonce de leur lieu de travail, et ne pourraient pas le quitter avant tard ce soir. Je me précipitai vers la chambre de Beth. La chambre aux murs d'un bleu pâle, était très sombre. Les volets n'étaient pas ouverts. Je me dirigeai à tatons vers le lit, en partie grâce à la respiration sifflante de ma soeur. Arrivée, je me laissai tomber à genoux, et prit la main de ma soeur. Elle murmura mon nom dans un souffle, avant de se rendormir d'un sommeil agité. Là seulement, je fermai les yeux et laissai libre court à mon chagrin.