Je suis un enfoiré. J'ai déliré. Je crois que j'ai foutu ma vie en l'air. Putain. Je sais même où je suis. Tout ce que je sais, c'est que j'ai froid. Je suis gelé, et j'ai le nez qui coule. Je titube, je marche pas droit. J'ai le vertige. Le Monde autour de moi, est flou. Je distingue à peine mes propres mains. Ma tête bourdonne. Mes sens ne fonctionnent plus. Je viens de m'enfiler une bouteille entière de rhum. D'ailleurs, je serre toujours cette bouteille dans ma main droite. Le monde autour de moi s'écroule. Je n'ai plus conscience de rien. Je ne sais pas comment je suis arrivé ici. Je crois même que je ne suis plus dans mon District. La merde, quoi. Si on me trouve, je suis mort. Je ne sais pas me battre. Je ne me suis jamais servi d'une arme. Moi, je suis un manipulateur. De l'esprit. Mais en même temps, si personne ne croise mon chemin, je ne serai pas secouru. Je suis donc condamné. C'est ça. Mort dans les deux cas.

" - Crac ! "

Le son résonne. Je viens de marcher sur ... je sais pas, de loin j'aurait dit une branche avec une forme particulièrement singulière. Je me baisse pour mieux voir, et m'écroule. La tête dans les feuilles, j'aperçois ce qui a craqué sous ma chaussure. Un crâne. De je n'sais quoi. Ça pourrait appartenir à une souris, comme à un oiseau, je suis incapable de faire la différence. Je roule sur le coté pour m'en éloigner le plus possible. J'arrive près d'un buisson, rempli de baies rouges. Je suis tenté, mais j’hésite: elles pourraient très bien être empoisonnées. Je n'en sais rien. Je ne connais ni les animaux, ni les plantes. Je suis un Ignorant de la Nature. Je suis incapable de survivre. Il faut toujours qu'on me tende la main. Je ne peux pas dépendre de la Nature. Non. Ça m'est impossible. Je me relève, lorsque je sens une branche me griffer la joue droite. Je pousse un petit cri de douleur, et porte ma main à la griffure. Je la touche. Je regarde mes doigts. Rouges. Je saigne. Debout, j'essaie de stopper les saignements avec ... une feuille. Médiocre, je sais. Ça ne fait qu'empirer. La feuille est maintenant molle, humide. Je la jette par terre, énervé. La joue en sang. Les effets de l'alcool commencent à se dissiper. Je reprend petit à petit mes esprits. J'y vois désormais, un peu plus clair. Le ciel est gris, de nombreux nuages se trouvent au-dessus de ma tête. Je suis en plein milieu d'une clairière, près d'un arbre blanc, sans feuilles. Tout autour de la Clairière, d’immenses arbres. Super. Pas le moindre signe de vie. Comment vais-je m'en sortir. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne sais rien. J'ai comme l'impression qu'on m'a laissé tomber sur un bord de route. La bouteille se brise en mille morceaux dans un bruit d'éclats de verre. En fait, il n'y a pas que la bouteille qui casse. Mon coeur aussi. Ma vie aussi. Tout en moi, se casse, se brise, se retrouve en mille morceaux.

Seul dans un endroit que je ne connais pas.

- Toi, t'es pas d'ici, j'me trompe ?

C'est une jolie fille aux longs cheveux et aux yeux clairs qui m'adresse la parole. Une beauté, quoi. Je la regarde, éperdu, comme un idiot. Manquerait plus que j'me mette à baver, comme si j'étais devant un gâteau appétissant. Belle comparaison, hein. Et oui, je compare les êtres féminins à de la bouffe, comme des cerises par exemple. Personnellement; je les collectionne ces cerises. Les femmes pour moi, elles n'ont pas ... d'âme, on va dire. Elles servent juste à nous distraire, nous les hommes. C'est comme ça que je les vois. Je ne suis jamais tombé amoureux. Je n'éprouve rien pour elles. A part, peut-être, de l'amusement. Je m'amuse à les voir souffrir quand elles s'aperçoivent que je suis un beau salaud qui les trompe. Non, ma Vie n'est pas sérieuse.

Je me rappelle petit à petit, comment je me suis retrouvé ici. Ah oui, voila. Rita. La jolie fille du Maire, qui m'a laissé tomber, parce que j'étais venu chez elle avec les bouteilles. Elle m'avait crié dessus, en disant que j'étais irresponsable, et que de toute façon, elle voyait bien que je me foutais de sa gueule. Elle s'est énervée, et puis ... voila. Elle m'a lâché. La jolie brune à l'air sauvage. J'ai encore foutu une relation en l'air. Je réalise alors, qu'il ne reste plus beaucoup de filles dans mon district maintenant. Elles m'ont toutes lâché. Donc, on va dire que je n'ai plus de vie sociale.

Je n'ai pas envie de lui répondre directement, à cette inconnue. J'enterre les morceaux de verre restants, dans la terre fraîche. Je décide alors de m'inventer une vie. Voila, donc, je suis le Fils du Maire du District 7. Je cherchais ma soeur qui faisait des escapades dans la Forêt pour aller boire, et je m'étais moi-même perdu. Donc, ces morceaux de verre que je viens d'enterrer, c'était la bouteille de ma prétendue soeur.

- Oui, tu te trompes. T'as dis une grosse connerie là. J'te signale que je suis le Fils du Maire. J'peux savoir ce que tu fais ici ?

Je la regarde droit dans les yeux, sans me désarmer. Je porte alors ma main dans la doublure de ma veste, en faisait croire qu'une arme s'y trouve à l'intérieur. Je luis souris, amusé. Haha, j'adore ça, la Comédie. Ça doit être la seule chose dans laquelle, j'excelle.

Elle doute. C'est évident. Ses jolis yeux bleus le reflètent, ce doute. J'aime beaucoup jouer avec les Gens. Avec les Sentiments, plus précisément. Pas forcément les voir souffrir non, je déteste ça. J'aime pas voir les gens pleurer. Ça donne l'impression qu'ils sont faibles. Moi-même, je pleure très rarement. Et jamais en public; je suis un Homme après tout. Alors non, je ne joue pas pour les voir pleurer. Le mieux, c'est de les désorienter. Ils ne savent plus qui croire. Ils ont des têtes abasourdies. Marrant. Ils s'emmêlent. Et moi, je les regarde, souriant. Et ils me croient. Toujours.

- Oh je vois. Et bien, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Me dénoncer à ton Papa ?

Je pouffe de rire. Ha, elle essaie d'être ... je ne trouve plus le mot. Elle essaie de m'intimider, de m'impressionner et de faire celle qui ne se laisse pas faire.
Et soudain, cette petite beautė s'approche de moi, pose sa main sur la mienne. Elle est tellement proche, que je sens son souffle sur mon visage. A quoi joue-t-elle ? Je m'apprête à la repousser, lorsque je comprends. Non, elle ne jouait pas la fille ėprise, comme je le croyais au dėbut. Elle n'avait pas pris ma main par hasard. Merde. Elle sait que je n'ai pas d'armes. Et si elle continue sa petite enquête, elle devinera très bientôt que, tout comme elle, je n'ai ríen à faire ici. Je me mords la langue contrarié.

- Ou me tuer peut-être ? Avec ... Rien ? dit-elle en souriant, sur un ton ironique.

Si j'étais un gamin de cinq ans, je lui aurais tiré la langue. Sauf que j'ai dix-sept ans. Et que je ne me comporte pas comme un gosse. Là, je passe [un peu] pour un con. Ça m'énerve, je déteste ça, que les gens me prennent pour un imbécile. Je n'aurais pas du sous-estimer cette fille. Maintenant, je fais quoi ? Énervé, je m'éloigne, pour réfléchir. Je pourrais partir, là, tout de suite, me mettre à courir. Mais en supposant qu'elle soit bonne à la course, si elle me rattrape, je lui dis quoi ? Ou alors, je pourrais continuer à jouer mon rôle de fils du Maire, mais ça voudrait dire dans ce cas, que je devrais soit la dénoncer à mon "père", soit la chasser du District. Et je sais très bien, que je ne ferais ni l'un ni l'autre. Il ne me reste plus beaucoup de choix.

Je me retourne, et la voit, toujours au même endroit, immobile.
Un léger vent commence à souffler, repoussant les nuages au loin, et laissant filtrer les rayons du soleil.
Je reviens vers l'inconnue. Je m'apprête à lui dire la vérité. Une partie du moins. Ils sont rares ces moments où je me dévoile.

- Te tuer ne m'apporterai rien. Sur tout que, moi aussi, je n'ai rien à faire là.

Je marque une pause.

- Je suis du District Cinq.

- Skye. District 1.

Bah alors? C'est quoi ça? On sait pas faire de phrases? Je souris, amusé. Elle s'avance vers moi, et me tends la main. Je la saisi sans hésiter, sans me poser de questions. Bon, c'est vrai qu'on est censé être adversaires, vu qu'on est tous les deux, des étrangers de ce district, mais justement, on est dans la même merde, non? Autant s'entraider.
District Un ... Un district de carrières donc. J'ai bien fait de ne pas me frotter à cette fille là. Pour tout vous avouer, je suis nul en combat. Franchement, si j'étais envoyé aux jeux je ne sais pas c'que je ferais. Je n'ai même pas un esprit rusé, je ne sais pas me servir de mon cerveau. En gros, je n'ai ni muscles, ni tête. Avec ça, aucune chance de gagner. Si! En draguant, les jolies carrières.

Bon, c'est pas tout mais voila, quoi. On s'ennuie à peu. Ah oui, c'est vrai, j'me suis pas présenté.

- Enrico Miro, et comme je vous l'ai déjà dit, du district 5. Pour vous servir, dis-je en souriant.

En voyant sa réaction, j'éclate de rire. Ah oui, c'est vrai qu’avec ma vilaine coupure à la joue, j'ai l'air d'un sauvage mais il n’empêche que je suis un minimum gentleman. Venant d'une famille plutôt aisée, ma mère m'a obligé dès tout petit d'apprendre les bonnes manières.









RP EN COURS.