Voilà. Une fois de plus, je me retrouve livré à moi même. Seul, au milieu de ces arbres. Devrai-je vraiment me sentir en sécurité, au milieu de toute cette verdure ? En tout cas, cela semble être le cas de tout le monde, autour de moi. Mais je ne suis pas comme eux. Ce territoire est le leur. Ils y sont chez eux. Moi, je m'y sent comme dans un territoire hostile. Mais... Si j'essayais d'oublier ma haine, ma rancoeur et tout ces autres sentiments négatifs, parviendrai-je seulement à apprécier cet endroit ? Je n'en sais rien. Je suis conscient que mes sentiments obscurcissent mon jugement. Mais je ne peux rien y faire. Je ne suis même pas sûr de vouloir changer ça. C'est tellement mieux, d'avoir de quoi se défouler. Ça permet de combler le manque. Oui, ce manque cruel, celui qui est causé par l'absence de but, lorsque l'on se retrouve seul, sans savoir quoi faire, alors que le monde, autour de nous, semble avancer si aisément. Je ne sais pas comment préciser ma pensée... Oui, voilà. il me faut un but. Une cause qui vaut la peine d'être défendue. Une juste cause. Quelque chose pour laquelle je pourrait me battre, pour laquelle je serait prêt à abandonner le peu de chose que je possède.

Ce serait tellement mieux, d'avoir un but. Pour le moment, je n'ai rien à faire. L'ennui. Oui, ce profond ennui, que rien ne tarrit. Cet ennui qui provoque les doutes, les noires pensées, la peur, la tristesse. Quand l'Homme s'ennuie, il réfléchit à sa condition. Et, quand, comme moi, il n'est rien, ce n'est pas bénéfique. J'ai pensé à mettre mon cerveau à profit. Je pourrai faire de grande choses. Mais je ne suis pas au bon endroit pour avoir ce genre de rêves. Et je ne peux quitter cet endroit. Pas maintenant. Pas encore. Enfin, je le pourrait. C'est une notion plus subtile, je dois dire... Je ne peux pas. Dans le sens où je doit beaucoup trop à ceux qui m'ont recueillit pour leur fausser compagnie sans leur rendre ce que je leur doit. Le mieux serait... Non. Non, non, non.

Je ferme les yeux, tentant de chasser de mon esprit ces pensées. Quand je les ouvre à nouveau, je me rend compte que je me suis éloigné des quartiers d'habitation. Beaucoup éloigné, même. Je ne dirai pas que je suis perdu, hein. Enfin... Je pourrai simplement faire demi tour, et marcher droit devant moi.... Bien que perdu dans une forêt aussi vaste que celle ci, ce ne soit pas conseillé. Enfin... Je souris. À croire que ça me plaît, de me fourrer dans les pires situations. Le danger ne m'effrai pas, je pense. Je porte trop d'estime à la vie pour craindre pour la mienne. Ce qui doit arriver arrivera, et je n'aurai pas le moindre mal à accepter mon destin. Être prêt à mourir le sourire aux lêvres ? C'est un peu ça. Certains me mépriseront pour tout ceci, certains comprendront... Ces pensées me revinrent en tête.

Hunger Games...

Non, non, non. Je ne peux pas me permettre d'envisager cette possibilité. Comment pourrai-je me réjouir de participer à ces jeux, alors que tant de mon district y ont péris ? Malgré ça, un sourire marquait toujours les traits de mon visage. Sourire qui disparut immédiatement, remplacé par... De la haine ? Car oui, je déteste vraiment être dérangé. Surtout quand je pensais être seul pour un bon moment. Je regarde autour de moi, cherchant l'origine du bruit qui avait rompu le fil tortueux de mes pensées.