Tu m'as devant tes yeux, et pourtant tu désires que je me décrive. Tu n'es pas aveugle il me semble, il te suffirait simplement de lever les yeux. La nature humaine est fainéante. Bien je vais considérer que tu es aveugle. Aide-moi et ferme donc tes yeux. C'est fait ? Bien. Imagine, oui, imagine des cheveux bruns dans un soleil couchant. Maintenant imagine-les légèrement blonds dans la lumière du midi. Descendons aux yeux. Tu vois le bleu d'une mer d'île tropicale ? C'est cette même couleur dans mes prunelles. Entre eux, un nez parfait. Ni trop gros, ni trop petit. Bien. Prends maintenant un rose pure. Place-le sur des lèvres pulpeuse, sensuelle. Désirable non ? Prenons une vue d'ensemble. Un corps fin, sans tomber dans l'anorexie pour autant. Des courbes discrètes, féminines. Rapproche toi un peu. Vois ce grain de peau, blanc, pas non plus pâle, voir légèrement bronzé. Donne moi ta main. Une douceur de nouveau né. Voilà comment tu me verras. Ouvre les yeux. Tu vois ?

Tu sais, ce n'est pas avec ces questions que tu arriveras à me connaître. Mais si ça peut t'aider, alors je t'aide. Je vais essayer de rester objective, mais il se peut que ce que je te dis sois légèrement faussé. Ne m'en veux pas. Bien. Pour commencer, et malgré des parents affreux, j'ai gardé un esprit d'enfant. Présente moi un objet ou une personne que je ne connais pas, j'apprendrai à le connaître. Un rien m'émerveille. Du petit papillon à la tête que tu affiches ! Il faut avouer que je suis assez lunatique.Des rires je peux très bien passer au silence absolu. Je deviens froide, distante mais jamais pour très longtemps. Il ne faudra pas m'en vouloir, de mauvais souvenir auront envahi mon cerveau. Tu devras juste me laisser tranquille un moment. Et pour finir, je suis une fille à relations. Toutes personnes à forcément une opinion sur moi. Mes amis, mes ennemis, mes connaissance. Et n'oublie pas que malgré tout ce que je viens de te décrire, je reste une jeune femme.

Ta curiosité est donc infinie ! Je dois te prévenir que mon histoire est assez ennuyante. Mais si tu veux l'entendre. Aie simplement la politesse de faire semblant d'écouter.Pour commencer, elle n'a rien de dramatique. Aucune mort tragique, aucun problème avec le Capitole. Mes parents sont plutôt en bon terme avec lui. Mon père est maire. Mais c'est superflu. Bref, revenons à moi. Je suis une enfant indésirée, une erreur qui n'aurait jamais dû exister. Mes géniteurs sont tout les deux issus d'une longue ligné d'enfant unique et ils ont voulu l'interrompre. Sauf que je suis née. Sans aucune famille. Ni cousins, ni frère, ni sœurs. Une enfance solitaire, des parents m'ignorant. Invisible. J'étais invisible. Mon quotidien était morne jusqu'à ce que je le rencontre. J'avais cinq ans. Et il est devenu mon meilleur ami. Je vais passer les détails, j'ai peur de t'achever avec trop de sentiment. Je peux te dire que mes lèvres auront souri en sa compagnie. On a grandi, on a exploré le district ensemble, on a fait les quatre cent coups ensemble. J'étais une enfant. On a eu douze ans, on a eu peur, mais nos noms ne sont jamais sortis. On s'est fait d'autres amis, je me suis épanouie. J'ai commencé à sortir du district. Je suis tombé sur toi. Que vas-tu faire maintenant ? Me laisser ou me dénoncer ? Je ne t'en voudrais pas...